samedi, janvier 28, 2006

Gremil


Grémil, nom masculin,plante aux fruits libres et très durs, appelée aussi herbe aux perles (famille des Boraginacées) nous apprend le petit Larousse. Si on cherche l’origine de ce nom, c’est probablement une contraction de grain de mil, allusion aux dimensions millimétriques des fruits secs, blancs nacrés,brillants évoquant des perles . Le nom latin de genre Lithospermum (lithos = pierre, sperma =graine) évoque la dureté de ces fruits confondus avec des graines
.
C’est ainsi que Lithospermum officinale,le Grémil officinal, nous apparaît en plein hiver, squelette végétal noirci où les akènes (= fruits secs) couleur de neige restent bien attachés. Sur les quelques feuilles séchées, les nervures médianes et latérales saillantes restent bien visibles sur la face inférieure.

Pour en profiter pleinement tout l’hiver, nous avons introduit dans le jardin sauvage cette plante vivace à souche épaisse développant une touffe de tiges rameuses, qui passe plutôt inaperçue sur les bords de chemins et de champs, ainsi que sur les lisières forestières qu’elle fréquente. Bien que signalée sur calcaire, elle semble chez nous s’accommoder de la terre maigrichonne où nous l’avons installée. Les fleurs blanchâtres sont peu visibles en mai juin.

D'autres détails ici

dimanche, janvier 22, 2006

Nombril de Venus



Comme il est plutôt rare sur les murs du voisinage, plutôt calcaires, j’en ai installé un exemplaire au sol dans un double pot , au milieu de galets et de cailloux non calcaires, pour respecter ses préférences de milieu siliceux. Dans un peu de terre pauvre, drainée par des petits graviers, j’ai planté sa souche tuberculeuse, arrondie et charnue
Ainsi je peux observer à loisir cette plante vivace discrète hors de la période de floraison et notamment en ce milieu Janvier.

En cette période de l’hiver, Umbilicus rupestris passe un peu inaperçu et poursuit doucement son parcours annuel commencé à la fin de l’été dès les premières pluies du mois d’Août.

Comme les premières feuilles vertes tardaient un peu â se développer cette année, je l’ai arrosé et très vite je les ai vues démarrer.

Partant presque toutes de la base, elles sont arrondies; voire orbiculaires, concaves, crénelées, épaisses, à nervures partant approximativement du centre.

On peut, parait il, les manger en salade. Il est vrai qu’elles sont riches en eau, ce qui permet à la plante de passer allègrement les périodes de sécheresse sans souffrir apparemment .

Nous attendrons donc le mois de mai pour commencer à voir se développer la longue grappe de fleurs blanc-jaunâtre pendantes aux pétales soudés. Sur les murs siliceux la plante est installée dans les interstices, et développe à la floraison une silhouette aisément reconnaissable où l’axe de la grappe, rigoureusement vertical reste parallèle aux plans du mur. Puis les parties aériennes de la plante sèchent rapidement avec les premières chaleurs; seul le tubercule va continuer à l’abri une vie ralentie.

mercredi, janvier 18, 2006

La peur de la nature

Lecture distraite du carnet du” Monde” en ce début Janvier 2006.

Et puis un choc : un nom , François Terrasson; il est mort. A 66 ans.

Sur Internet ,deux, trois, dix messages relaient la nouvelle. Des réactions personnelles de sympathie sur les forums de naturalistes.

Chercheur atypique au Muséum d'Histoire Naturelle, l’homme est bien connu pour son combat pour la préservation et le respect de la Nature sauvage et contre les idées reçues dans ce domaine. Cela lui a valu parfois des désagréments dans une administration qui n’accepte pas les francs-tireurs.

La Nature dans l'Homme, l'Homme dans la Nature, tel était son credo.

Il l’avait exprimé dans ses livres dont un des plus connus est La peur de la nature paru en 1988 aux éditions “Sang de la Terre”.

Grâce à la lecture de ce livre, j’ai pu réaliser que mon rapport à la nature restait plus qu’ ambigu. Je ne suis pas à l’aise dans la nuit de la forêt, tout près de la maison. Seul, le jour en sous bois, je n’aimerai pas me trouver face à une famille de sangliers ou à un cerf en rut. Le serpent à robe de vipère qui est venu me rendre visite cet automne dans mon jardin m’inspire du respect et je garde mes distances . Je ne manipule qu’après un léger temps d’arrêt ce qui est froid et humide, gluant ou visqueux: vers de terre, limaces, etc.
Aimer la nature pour la connaître, et non pas l’inverse .

Je reste malgré tout naturaliste, et j’aime me trouver en pleine nature pour la connaître et la comprendre; et pourtant j’ai comme un malaise dans les réserves étiquetées , gérées, jardinées, les parcs protégés, inventoriés etc.

C’est cela qui me fait regretter , comme François Terrasson, tout cet aménagement de la nature un peu niais qui se profile et s’amplifie, avec des discours de gestionnaires aménageurs. Si cela continue, dans le Lot ou ailleurs, on aura du mal à se promener sans tomber le long d’ un sentier botanique sur un panneau explicatif d’interprétation du paysage ou une étiquette de plante. Et tous ces murets du Causse si bien restaurés où plus rien ne pousse, témoins de notre époque pas à l’aise avec son présent et qui cherche désespérément à reconstituer un passé paysan mythique qui n’a jamais existé.

Et les rives à végétation mutilée de ces petites rivières dont le cours a parfois, oh horreur, été rectifié, devenant rectiligne.

Pour notre société, la nature c’est très bien, mais à dose supportable

De temps en temps la nature , qui se fout complétement de tout cela , pique une colère tempête, grêle, pluie diluvienne, inondation, ravinement, glissement de terrain et vient remettre son ordre bien différent de celui instauré par l’homme. Et les sacro saint inventaires des stations de plantes rares en sont alors tout bouleversés, cul par dessus tête....

La pleine nature , elle peut être pourtant très proche; elle est souvent à ma porte, plante ou animal, mais elle peut aussi se trouver en milieu plus hostile, une tourbière par exemple ( ah! l’envie de m’assurer de la présence de telle plante rare qui est parfois aussi forte que la peur de m’enfoncer, bel exemple de la double contrainte à laquelle nous sommes souvent soumis dès qu’il s’agit de nature, évoquée par F.T. ).

On a envie de connaître, parce qu’on aime bien sûr, mais on a la frousse.

Francois Terrasson est donc parti. Restent bien sûr ses idées et ses livres, mais pour nous naturalistes, il va diablement nous manquer.

dimanche, janvier 15, 2006

Un joli ravin encaissé à Polystic, à St Denis-Catus



A l’Ouest de la commune, longeant la route d’accès à la Garnonne, il forme un paysage de Fougères inédit bien visible en ce 14 Janvier, sous un couvert forestier ombragé bien plus sombre en été.

La fougère dominante, c’est le Polystic à soies, Polystichum setiferum; plus d’une centaine de touffes bien étalées dont les frondes vont persister jusqu’au printemps.
C’est donc une station importante à signaler.

La sécheresse de l’été 2005 ne semble pas l’avoir affectée.

Ce n’est pas une rareté en Bouriane, où elle affectionne ombre, fraîcheur et humidité atmosphérique sur un sol un peu acide.

Les pinnules dissymétriques sont attachées sur l’axe de la penne par un petit pétiole, avec une oreillette à la base; leurs dents sont terminées par une soie.

D’autres Fougères sont présentes sur ce lieu: en particulier la sous espèce borreri du Dryopteris affinis, qu’on ne distinguait pas dans les flores anciennes de la Fougère mâle, Dryopteris filix mas. C’est affaire de spécialiste.

Il y aurait un inventaire précis à faire des plantes de ce fossé; sa profondeur, ses rives presque verticales témoignent de l’importance de l’action érosive de l’eau dans le sol tendre de ce terroir de sables, d’argiles et de galets; heureusement les racines des arbres sont encore là pour retenir efficacement l’humus et le sol.

mardi, janvier 03, 2006

L'Arabette de Thalius,une vedette peu spectaculaire





L’Arabette de Thalius, Arabidopsis thaliana (L.) Heynh.

Particulièrement effacée et bien difficile à photographier, une rosette de feuilles à la base, des fleurs blanchâtres minuscules sur une tige simple se transformant en fruits allongés (siliques un peu aplaties), c’est une habituée des lieux cultivés et en particulier des champs siliceux sablonneux.

Au jardin, elle est apparue comme chaque année en fin d’ automne, bien visible avant les dernières gelées, mais elle va surtout abonder au premier printemps avec les autres petites Crucifères annuelles, Draves, Cressonnettes, etc...Peu génante, elle se fait oublier, et aux premières chaleurs elle séche et disparait rapidement, laissant par contre dans le sol une bonne quantité de petites graines.


Arabidopsis, c’est donc étymologiquement la plante qui a le port d’une Arabette. Linné l’avait d’ailleurs placée dans le genre Arabis en la dédiant à un médecin saxon du XVI°siécle , J.Thalius (v.1542-1583).

Il est amusant de voir qu’à l’époque de l’ordinateur et des erreurs de saisie de texte, Arabidopsis se change parfois en Arabidospis et il faut utiliser les deux orthographes dans Google pour se renseigner sur la plante.

C’est en effet une plante très étudiée,
la plante modèle des biologistes moléculaires
, celle qui posséde en effet le plus petit génome connu , cinq paires de chromosomes.


Vous pouvez trouver les détails pour la
cultiver

et
sa description comme plante adventice

Pour le botaniste, pour la reconnaitre sur le terrain, c’est un peu plus compliqué: une petite taille, une silhouette bien banale, et des caractères peu originaux.

Et pourtant nous apprend aussi l’INRA, elle posséde le géne Cauliflower qui lui permet de développer une mutation lui donnant des caractères proches de l’inflorescence du Chou fleur.